De la chimio à la fac de médecine !

Comment suis-je passée de patiente atteinte d’un cancer à patiente partenaire qui présente son spectacle dans un cours à la fac de médecine?

Cette semaine j’ai eu la chance de jouer mon spectacle « Ôrage de vivre » sur le cancer du sein à la Fac de médecine de Saint Etienne devant des soignants et futurs soignants.

Après 3 années à courir les hôpitaux pour un cancer du sein et autre joyeusetés liées aux traitements anti-cancéreux , je me retrouve d’un coup projetée devant 200 étudiants en médecine dans le grand amphithéâtre de la fac de Saint Etienne.

Je rêve ou j’hallucine ? Les deux ? Non, c’est bien vrai, ils sont tous là, les yeux rivés sur moi, je rentre et m’apprête à dire la toute première phrase de mon spectacle « L’ orage à retentit le 12 juillet 2022, lorsqu’on m’annonce à 36 ans un cancer du sein agressif ». A côté de moi, Romain Lateltin et Théophile Ardy , musiciens chanteurs et compositeurs, m’entourent comme d’habitude sur ce spectacle qui raconte mon parcours de guérison du cancer.

Avec eux, je me sens plus forte, même si je sais leur professionnalisme et leur exigence envers eux même et je dois être à la hauteur du travail que l’on a fournit tous les 3 pour construire ce spectacle destiné à libérer la parole sur le cancer et à mettre les patients, aidants et soignants au cœur de la résilience.

Durant les phases d’écriture et de création des chansons à six mains nous nous l’étions dis, le spectacle doit aussi servir à sensibiliser les soignants. Et bien voilà nous sommes passés d’une projection future dans un petit bureau entre deux chimios à la réalité dans ce grand amphi.

C’est tellement étrange et significatif, c’est un moment extrêmement important pout moi.

Avant-hier, j’étais en radiologie pour des examens, hier avec mon radiothérapeute et aujourd’hui c’est moi qui parle aux soignants. Puis demain, je retourne prendre ma place de patiente pour un scanner au Centre léon bérard.

Ce scanner , je l’attends depuis quelques semaines et il me stresse particulièrement. Il faut dire que je supporte plus les examens, j’en ai trop fait. L’idée même de me faire injecter des produits me dépasse, je ne veux plus infliger toutes ces molécules à mon corps, il a déjà tellement de mal à se remettre de toute cette aventure…. Et pourtant, ce scanner qui m’angoissait tant je l’ai plutôt bien vécu, j’étais tellement empreinte de ma joie de la veille que c’est passé comme une lettre à la poste.

Déformée par mes activités de la veille, j’ai été très attentive à l’attitude des soignants ce jour là. Par chance la secrétaire qui m’accueille est bien lunée et agréable, si j’étais tombée après un cas complexe à gérer ça aurait pu être différent.

Je m’installe en salle d’attente de ce sous sol que je connais déjà et une personne m’appelle au bout du couloir. Au passage, je me dis que d’aller sous terre pour passer des examens stressant c’est vraiment double peine, pas de lumière du jour, impossible de voir un bout d’arbre ou de la rue, rien pour faire diversion donc.

Je suis la dame qui m’indique la cabine 3 et qui lance « je vous laisse enlever votre soutien gorge et vos boucles d’oreille ». « Vous avez déjà passé un scanner? ». Si je réponds oui, je sais qu’on va aller beaucoup plus vite et qu’elle ne me donnera plus d’autres explications mais c’est la vérité, tant pis je dis « oui » alors que j’aimerais que l’on me considère autant que pour une première fois.

Elle ne me donne pas de blouse et je n’ai mis qu’une robe d’été je vais donc me retrouver en culotte le sein nu et mastectomie apparente dans le couloir, bon tant pis, ce ne sera pas la première fois.

Elle revient me chercher pour m’installer au scanner, j’imagine que c’est une manipulatrice même si elle ne s’est pas présentée. A la fin du scanner, une autre personne vient me voir pour me désinstaller, je me dis que c’est la radiologue mais j’apprend ensuite qu’il n’y a pas de radiologue ici, celui qui travaille aujourd’hui analyse toutes les images à distance. Tant pis, je ne pourrais pas poser de questions.

Chaque moment que j’analyse me donne envie d’écrire, et à vrai dire chaque jour que je passe à l’hôpital je pourrais écrire un spectacle entier sur ce que je vois.

D’ordinaire, ces petits détails auraient pu me chagriner, mais cette fois-ci, j’ai en tête ma journée de la veille, je me revois à la fac ou j’ai eu un espace pour m’adresser aux soignants, je me dis que ce n’est pas grave, qu’on ne peut pas faire avancer les choses tous le temps, ma joie me remplie et je souris à l’idée qu’elle pourrait même se voir au scan thoracique si cette joie était palpable.

Hier j’ai parlé aux soignants et j’ai été applaudie pour ça, aujourd’hui j’ai suivi leur demandes, je suis sortie de ma cabine à moitié nue dans le couloir et j’ai gardé mes questions pour moi puisque le médecin était chez lui en télétravail.

Sur le chemin du retour je tape ma question sur chat GPT, la réponse est satisfaisante, stressante mais satisfaisante, je lui demande quand même quelle est la source de sa réponse et de me la fournir, il me la donne, c’est quand même bien fait cet Intelligence artificielle… Pour peu qu’on sache l’utiliser …

Je suis passée de la chimio à la fac de médecine, mon spectacle se joue partout aussi bien dans des salles des fêtes que dans les hôpitaux ou les patients se mélangent à leurs soignants, dans les centres de ressources ou les patients vivent un moment d’émotion unique tous réunis autour du spectacle.

Parfois je ne réalise pas ce que ce spectacle est devenu, trois ans en arrière je commençais à écrire en hôpital de jour quand ma chimio était branchée, je n’aurais jamais pu imaginer qu’e mon spectacle serait programmé plus tard dans une fac de médecine.

Et puis parfois, j’essaie de réaliser le chemin parcouru, d’intégrer et de partager cette gratitude et cette reconnaissance que je ressens et qui me font du bien. Elles donnent du sens à l’épreuve. Je n’ai pas souffert pour rien, je peux aider les autres avec mes mots…

Quelle suite donner à ça ? Je pose ici l’intention suivante …. Jouer le spectacle Ôrage de vivre dans toutes les fac de médecine de Rhône Alpes Auvergne au moins une fois par an !! Chiche ?

Dans l’amphithéâtre de la faculté de médecine de Saint Etienne

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